LA CELLULE ANTI-TRAFIC SPA
« Le trafic de chiots est plus lucratif que celui de la drogue »

Brigitte Piquet-Pellorce est enquêtrice et responsable de la Cellule anti-trafic de la SPA. Elle mène une traque farouche contre les trafics de chiots.
 
propos recueillis par Nathalie Revenu | 02.04.2010, 07h00

Le dossier Elina M, propriétaire d’une animalerie à Chambly, n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Mise en examen en 2006 et 2009, celle-ci est soupçonnée d’avoir importé illégalement plus d’une centaine de chiots de Slovaquie, grâce à la société Puppy Slovakia, pour approvisionner des animaleries.

La SPA, qui lutte activement contre ces trafics, a porté plainte. Brigitte Piquet-Pellorce explique son combat.


Quand la cellule Anti-Trafic de la SPA a-t-elle été créée ?

BRIGITTE PIQUET-PELLORCE. En 1993. C’est l’un de nos administrateurs, colonel de gendarmerie, qui l’a baptisée ainsi. A cette époque, nous luttions contre les vols de chiens destinés aux expérimentations dans les laboratoires. Puis, nous nous sommes intéressés aux importations de pitbulls destinés à des combats en France. Nous avons réussi à obtenir le vote de la Loi Alliot-Marie qui interdit la reproduction des chiens de 1re et 2e catégories et durcit les conditions de détention. Ils existent toujours des combats en France mais ils sont moins nombreux.

Quels sont les pays les plus actifs dans le trafic de chiots ?

Ce commerce est très florissant. Il constitue les huit dixièmes des importations illégales en France. Il s’organise au départ des pays de l’Est depuis le milieu des années 1990. La Slovaquie est très active, mais aussi la Roumanie, la Russie et l’Ukraine. Actuellement, nous sommes très mobilisés autour des reventes de chiots sur les trottoirs de Paris. Une instruction est en cours.

Quand ces trafics sont-ils commencé ?

Cela coïncide avec la chute du mur à l’Est. En l’absence de législation et de répression, les petits élevages dans les campagnes ont prospéré. Les chiots sont entassés dans des hangars comme des poules en batterie et sont voués à la reproduction perpétuelle. Les paysans les revendent à des intermédiaires. Ils transitent souvent par la Belgique, où la législation est plus laxiste. En France, les revendeurs multiplient le prix initial par dix. C’est devenu plus lucratif que le cannabis, et surtout moins risqué. Un mafieux nous a dit : « Moi, je fais du chien depuis neuf ans. C’est mieux que les filles, car ça ne parle pas. »

Quelles sont les races les plus prisées ?

En ce moment, les chihuahuas sont très à la mode. C’est le chien de Paris Hilton, le sac à main de madame. Ils sont achetés 250 € en Slovaquie et revendus 2000 € dans les animaleries parisiennes. Les Jack-Russels sont aussi des races très recherchées. La majorité des chiots commercialisés proviennent de ces filières. Les chiots quittent ces lieux d’élevage à l’âge de deux mois. Alors qu’en France, les ventes des chiens importés doivent se faire au moins à quinze semaines.

De quels moyens disposez-vous pour lutter contre ces filières ?

Ils sont dérisoires. Nous ne sommes que quatre enquêteurs. Notre cellule est unique en France. Mais tout le monde se fout des animaux, à part des associations comme la nôtre ou celle de Stéphane Lamarre. Mais depuis 2005, nous avons noué une collaboration étroite avec la gendarmerie. Nouhttp://videos.tf1.fr/reportages/petits-chiens-gros-trafics-le-teaser-5816652.htmls avons réussi à retirer plus de 2000 chiots de ces réseaux. En 2008, 256 animaux ont été saisis.

Le Parisien

Vidéos du reportage : "Petits chiens, gros trafics" :

Vidéo 1

Vidéo 2